Fort de son nouveau statut, Victor Crouin est le favori d’un tableau masculin dans lequel Auguste Dussourd peut également tirer son épingle du jeu, alors que chez les filles Énora Villard et Marie Stéphan peuvent viser une place en finale.

Le développement du circuit international est évidemment une bonne chose, pour les athlètes et le squash en général. Mais avec la multiplication des tournois PSA, pas facile pour les autres épreuves de se faire une place dans le calendrier.

« C’est dommage qu’il n’y ait pas de concertation entre les différentes instances, » regrette Renan Lavigne. « Pourtant, cette année il y a des points PSA à la clé*, mais on retrouve seulement 29 joueurs dans le tableau masculin et toujours pas de Britanniques … C’est vrai que c’était encore plus compliqué avec le Paris Squash 2023 qui commence le 27 août. Le championnat d’Europe individuel devait se terminer la veille, heureusement on a réussi à le faire avancer d’une journée, notamment grâce à la présence de Catherine Ezvan au sein de l’ESF. »

Côté tricolore, la sélection s’est faite en bonne intelligence, en dialoguant avec les joueurs et joueuses.

 « Pour certains, ça arrivait un peu tôt dans leur préparation, alors que d’autres, comme Victor Crouin, ont besoin de matches avant d’aborder un tournoi comme celui de Paris. »

Même si quelques acteurs majeurs manquent à l’appel (par exemple la numéro 1 française Mélissa Alves), la délégation se rendra en Pologne avec la ferme intention de ramener plusieurs médailles et si possible une en or, ce qui n’est pas arrivé depuis 2017 et le titre de Camille Serme.

*Nouveauté de cette édition 2023-2024 : les deux lauréats décrocheront 250 points, soit l’équivalent d’une victoire sur un 15 000 $.

« La préparation s’est très bien passée, » indique Malcolm Tullis, conseiller technique fédéral désormais responsable du pôle France de Créteil (c’est Yann Menegaux, entraîneur de l’équipe de France féminine, qui sera présent à Wroclaw).

« Les filles ont fait de grosses séances sous la houlette de notre préparateur physique Mathias Ricard, sachant qu’elles ont également passé du temps à Aix-en-Provence pour s’entraîner avec les garçons. 

Concernant Énora Villard et Marie Stéphan, l’objectif est d’arriver au top pour Paris. Mais on ne néglige pas le championnat d’Europe, d’autant qu’il y a une médaille à aller chercher. Pour Lauren Baltayan, sa sélection était dans la logique des choses au vu de ce qu’elle a montré récemment, notamment au championnat du monde junior. »

VICTOR CROUIN, UN TITRE DE PLUS ?

Malgré l’absence habituelle des Britanniques, le tableau masculin est relevé avec quatre joueurs du top 25 mondial.

Après trois finales perdues, Nicolas Müller (n°16) a remporté son premier titre continental il y a un an, aux dépens de Victor Crouin (n°8). Les deux joueurs, qui seront têtes de série n°1 et 2 en Pologne, se sont affrontés deux fois ensuite, pour une victoire de chaque côté.

Leurs deux principaux challengers seront des compatriotes, et des valeurs en hausse sur le circuit international : Auguste Dussourd (n°21), qui cherchera à effacer son élimination d’entrée de l’an dernier, et Dimitri Steinmann (n°25), qui avait remonté un handicap de 2 jeux face à Crouin en quart de finale avant de rendre les armes.

Victor Crouin (photo : Thomas Balke)

Parmi les potentiels troubles-fêtes, il y a en premier lieu Raphael Kandra (n°31), champion d’Europe en 2019 mais en manque de victoires références ces derniers mois. « S’il fait le déplacement, ce n’est pas pour faire de la figuration, » précise Renan Lavigne. Le tirage au sort déterminera laquelle des 4 têtes de série croisera l’Allemand en quart.

Saison après saison, Victor Crouin se construit un sacré palmarès, et le Toulonnais a l’intention d’ajouter une nouvelle ligne en Pologne : pour sa première participation, il s’était incliné en finale l’an dernier.

« Cette médaille d’argent avait été le point de départ de sa superbe saison, » indique Renan Lavigne. « Concernant la finale, on avait essayé de trouver des solutions pendant le match, mais aucune n’avait fonctionné. Il faut dire aussi que de son propre aveu, Nicolas Müller avait réalisé la meilleure prestation de sa carrière. »

Solidement ancré dans le top 10 mondial depuis de nombreux mois, Victor aborde cette édition 2023-2024 avec le costume du favori.

On pourrait donc assister à un remake de la finale de 2022. Mais il y a un Français qui ne l’entend pas de cette oreille, et il s’appelle Auguste Dussourd. Tête de série 3/4, il tentera de faire mieux que son seeding.

« Auguste a atteint son meilleur classement mondial en fin de saison dernière et essaiera de continuer sur cette lancée, » affirme Renan Lavigne. « Même si le Paris Squash 2023 est le gros objectif du début de saison, aller chercher une médaille européenne est également important. Une finale franco-française, ce ne serait pas mal pour démarrer 2023-2024 … »

À 23 ans, Edwin Clain va porter pour la première fois le maillot Bleu en senior. La juste récompense d’une très belle campagne 2022-2023, qui lui a permis d’intégrer le top 100 mondial.

« Une première expérience en équipe de France, c’est un moment important, » souligne Renan Lavigne. « Pour Edwin, qui est tête de série 9/16, le tirage au sort aura forcément une influence sur ses ambitions. »

Le 85ème joueur mondial a un programme très chargé en ce début de saison : il participe en ce moment au tournoi qualificatif pour le Paris Squash 2023, évènement auquel il participera s’il tient son rang de tête de série n°1. « J’ai toujours adoré jouer pour les équipes de France, et une sélection ne se refuse pas, » affirme-t-il avec enthousiasme lorsqu’on évoque cet enchaînement de tournois.

Elles devront principalement se méfier de la solide Espagne Marta Dominguez (n°67), demi-finaliste en 2022. On peut également citer l’Allemande Saskia Beinhard (n°66), en progrès ces derniers mois, la Finlandaise Emilia Soini (n°53) et son jeu atypique et la jeune tricolore Lauren Baltayan (n°104), auréolée d’une superbe début d’année 2023.

Comme évoqué plus haut, Énora Villard et Marie Stéphan ont effectué une grosse préparation estivale afin d’être fin prêtes pour un début de saison qui s’annonce chargé, avec un point d’orgue un tournoi Platinum à quelques kilomètres de leur base d’entraînement quotidienne.

Avant cela, elles tenteront de faire mieux que leur quart de finale de l’an dernier au championnat d’Europe. « Une médaille européenne, ce serait un bon moyen de lancer la saison, » estime Malcolm Tullis.

-17 ans, -19 ans et senior : depuis quelques mois, la jeune Lauren Baltayan accumule les sélections en équipe de France. « Eu égard à ce qu’elle a montré récemment, sa présence en Pologne est logique, » confie Malcolm Tullis. À l’instar d’Edwin Clain, la petite Franco-Égyptienne est tête de série 9/16. Si le tirage n’est pas trop dur avec elle, notamment en ne la plaçant pas dans la partie de tableau de Nele Gilis, elle a les moyens de viser un quart de finale.