[1] Sebastien Bonmalais 3-1 [7] Yannick Wilhelmi (Sui) 4-11, 11-1, 11-7, 11-8 (42m)[2] Ryosei Kobayashi (Jpn) 3-0 [3] Farkas Balazs (Hun) 11-6, 11-9, 11-8 (36m)
Le Compte-Rendu de la journée par Jérôme Elhaïk
La finale de l’open de Mulhouse 2021 opposera le Français Sébastien Bonmalais, pensionnaire du club hôte, à Ryosei Kobayashi dimanche midi à l’Espace Squash 3000. Les deux joueurs se connaissent bien, car le Japonais s’entraîne au pôle France depuis un an. Retour sur la journée de samedi et projection sur l’ultime match de la compétition.
La Demie de Seb
Sévèrement touché par la Covid-19 en 2020, Sébastien Bonmalais (n°61 mondial) est dans une phase de reconstruction. Son entame de match au ralenti n’avait pas eu de conséquence en quart de finale face à Ivan Perez (n°144), mais son adversaire en demie était d’un calibre supérieur.
Aidé par les nombreuses fautes directes d’un Réunionnais approximatif, Yannick Wilhelmi (n°137) a pris les devants (11-4).
Changement total de physionomie dans la deuxième manche, Bonmalais met plus d’intentions dans ses frappes et déborde le Suisse, qui multiplie à son tour les fautes.
Le troisième jeu est plus serré, mais la tête de série n°1 fait mal à son adversaire avec ses nombreux flicks de revers (11-7). Au pied du mur, le jeune Suisse joue son va-tout dans le quatrième jeu et les deux joueurs nous régalent avec quelques superbes échanges.
Notamment un marathon de près de trois minutes : à bout de forces, Wilhelmi commet à la 115ème frappe de balle … La deuxième occasion sera la bonne pour le Français, qui conclut d’un superbe retour de revers nick croisé. Le pensionnaire du Mulhouse Squash Club n’est plus qu’à une marche du titre, son objectif annoncé avant la compétition.
Sébastien Bonmalais
« Je ne suis pas du tout rentré dans le match. L’objectif en début de deuxième jeu, c’était de lui montrer que j’étais bien présent, et de mettre en place les choses que j’aurais dû faire depuis le début : le faire bouger et mettre de la vitesse, car il aime s’installer dans un rythme monotone.Mais je dois dire qu’il a fait un bon match, il a bien progressé par rapport à notre dernière confrontation à Nancy (NDLR : Sébastien s’était imposé en quatre jeux fin janvier) et est plus tranchant à l’avant du court. Quant à moi, je suis satisfait de cette victoire, après celle de ce matin c’est un autre match qui me donne de la confiance.
Concernant la finale contre Ryo, c’est vrai qu’on se connaît très bien et il n’y aura pas de surprise sur le plan tactique. On s’affronte souvent à l’entraînement, parfois c’est lui qui gagne et parfois c’est moi. On s’est affrontés une fois en compétition, au Japon il y a deux ans, j’avais gagné mais depuis il a progressé et est plus solide. C’était également le tournoi où j’ai disputé ma dernière finale sur le circuit, maintenant il reste un match à gagner pour ramener le titre et je vais tout faire pour. »
Renan Lavigne
(entraîneur de Sébastien Bonmalais au pôle France d’Aix-en-Provence)
« Seb a fait un début de match hésitant, avec beaucoup de fautes. C’est évidemment lié à son manque de compétition, il est dans une phase de reconstruction et il faut retrouver ses routines : l’échauffement, savoir bien rentrer dans un match, gérer la pression du résultat etc.Il faut dire aussi qu’il y avait un adversaire coriace en face, leur match était d’ailleurs d’un tout autre niveau que celui de Nancy il y a quelques semaines. Le point positif, c’est qu’il n’est pas resté bloqué sur ce premier jeu raté, il est reparti en mettant de l’intention dans ses frappes et a poussé Wilhelmi à la faute.
Ce dernier s’est bien accroché dans le quatrième jeu, mais on savait qu’il avait eu un match compliqué en quart et que la récupération serait un facteur. Ça fait partie du jeu, il y a eu de gros échanges et Seb l’a fait craquer physiquement.
J’ai bien aimé sa gestion du risque en fin de match avec ce retour de revers gagnant, s’il n’était pas rentré il lui restait une balle de match.
Atteindre la finale était un premier objectif, il faut profiter du moment car on ne sait jamais quand ça se reproduira. C’est une étape de plus dans son processus de reconstruction après l’année qu’il a vécue. Il faut accepter d’en passer par là, surtout pour un joueur comme Seb qui avait tendance à jouer tous les échanges à 100 % auparavant …
Concernant la finale, effectivement lui et Ryo se connaissent bien mais on sait que les matches d’entraînement et la compétition sont deux choses différentes. Ryo est dangereux car il joue très relâché, il sait qu’il va bientôt arrêter sa carrière et n’a aucun poids sur les épaules.
J’ai remarqué aussi qu’à force de s’entraîner avec des joueurs plus forts que lui au pôle France, il avait progressé physiquement. La situation est différente pour Seb, il a très envie que le travail et l’investissement portent leurs fruits et ça peut engendrer de la pression.
Une chose est sûre, demain il faudra être dans le combat dès le premier point, et ne pas avoir de retard à l’allumage comme aujourd’hui. »
RYO KOBAYASHI à coeur ouvert
Malgré son grand gabarit (1 mètre 94), Farkas Balasz (n°88 mondial) privilégie plutôt la finesse à la puissance. Mais à ce jeu là, il est tombé sur plus fort que lui en demi-finale de l’open de Mulhouse samedi en fin d’après-midi. Offensif et déterminé dès l’entame – ce qui lui avait fait défaut lors de ses deux premiers matches – Ryosei Kobayashi (n°67) n’a eu besoin que de 35 minutes pour rejoindre Sébastien Bonmalais en finale. Quelques minutes après sa victoire, nous l’avons retrouvé pour une interview réalisée dans un Français quasi-parfait : et pour cause, car le Japonais s’entraîne au pôle France d’Aix-en-Provence depuis un peu plus d’un an.
Sur ses débuts de match poussifs à Mulhouse avant cette demi-finale
« C’était beaucoup mieux. Je crois que j’ai eu besoin des premiers matches pour m’habituer aux conditions : la balle rebondit beaucoup plus que sur la majorité des autres courts, notamment ceux d’Aix-en-Provence. Ça c’est la raison technique, mais il y a aussi un aspect mental. Je ne sais pas si je suis un ”slow starter” en général, disons que j’adapte mon niveau de concentration en fonction de chaque situation. »
Sur sa victoire face à Farkas Balasz
« Je l’avais déjà affronté deux fois, donc je savais à quoi m’attendre (NDLR : il s’était toujours imposé, mais très difficilement la dernière fois en mars 2020, en finale de l’Hampshire Open en Angleterre). Il est gaucher et il tente pas mal de coups côté coup droit, donc il fallait être attentif. Néanmoins, ma stratégie n’était pas d’éviter à gauche, car je voulais lui montrer que je n’avais pas peur. Je suis très content de mon match, en particulier de mon déplacement. Je me sentais très léger sur le court. »
Ryosei Kobayashi jouera demain sa quatrième finale en 2020-2021
« C’est vrai que c’est une bonne saison, mais elle aurait pu être encore meilleure. J’aurais aimé avoir la possibilité d’intégrer les tableaux des grands tournois, mais mon classement ne me le permettait pas. Peut-être qu’il sera suffisant pour le championnat du monde individuel en juillet à Chicago, sachant que je vais également participer au tournoi qualificatif au Danemark en juin. »
Sébastien Bonmalais et Ryosei Kobayashi n’ont pas de secrets l’un pour l’autre
« On s’entraîne très souvent ensemble au pôle France, peut-être pas tous les jours mais pas loin. La dernière fois où on a fait un match, c’est moi qui ait gagné (rires), mais la compétition c’est autre chose. Sébastien est un joueur qui n’a pas beaucoup de faiblesses, je dirais même qu’au niveau athlétique il est au niveau du top 20 mondial. Mais je vais jouer avec armes et je suis sûr que j’aurai des opportunités demain. »
Lors de la journée de samedi, Ryosei a bénéficié des conseils de Renan Lavigne pendant ses matches. Ce ne sera pas le cas car ce dernier est l’entraîneur de Sébastien Bonmalais …
« Ce n’est pas un problème pour moi, je n’ai jamais vraiment eu d’entraîneur et je suis habitué à être seul et à réfléchir par moi-même. Une chose est sûre, ce n’est pas ma femme qui va me coacher (Mme Kobayashi est présente ce week-end à Mulhouse) car même si elle joue au tennis, elle ne comprend rien au squash (rires) ! »
Dans quelques mois, ”Ryo” va mettre un terme à sa carrière de joueur de squash professionnel et travailler dans l’importation de vin
« Le squash est une passion, mais ça toujours été clair dans ma tête que je ne ferai pas ça éternellement, même quand je suis parti étudier en université américaine. J’avais déjà arrêté pendant deux ans pour travailler en entreprise, mais j’ai eu envie de reprendre et de vivre cette expérience.
Pourquoi le vin ? Je me suis toujours intéressé à l’agro-alimentaire. Mon employeur m’a demandé de venir en France car dans ce domaine c’est une obligation de parler votre langue. Je vais passer plusieurs années, dans un premier temps pour apprendre le métier puis pour essayer de trouver de nouveaux clients pour l’importation. Je vais être très occupé, je n’aurai plus du tout de jouer au squash. Du coup, ça serait sympa que mon dernier tournoi soit le championnat du monde, c’est pour cette raison que j’ai vraiment envie de me qualifier … »
➡ Tous les matches seront retransmis sur la chaîne YouTube PSA Challenger Tour.
👉 Court n°7 : https://www.youtube.com/watch?v=Jo3fhjFW-f0
👉 Court n°8 : https://www.youtube.com/watch?v=FmsP1IUAwhs
➡ Scores en direct (PSA live scoring) : https://urlr.me/qcjQK