Arrivée en 2019 à Mulhouse, Léa Barbeau a beaucoup progressé depuis, au point d’accéder au 6ème rang dans la hiérarchie du squash féminin hexagonal. Alors qu’elle intègrera dans quelques semaines le centre d’entraînement régional de La Rochelle, elle revient sur les raisons de ce changement ainsi que sur ces trois belles années passées en Alsace. Jérôme Elhaïk sur son blog
« Léa Barbeau est un exemple de réussite, » indique thierry jung, qui l’a pris sous son aile il y a trois ans. « Avant son arrivée, elle ne s’entraînait qu’une ou deux fois par semaine, était barrée pour intégrer un pôle et ne savait pas trop ce qu’elle voulait faire. »
Tout comme son alter ego en Alsace, Taba Taghavi, elle a bénéficié d’une formation BPJEPS rémunérée et financée par l’État, tout en participant à la vie de l’association et en s’entraînant au quotidien.
« Léa repart avec des diplômes et à la 6ème place au classement national, » indique le président du MULHOUSE SQUASH CLUB. « Je suis très fier de lui avoir permis d’exprimer son potentiel, et d’avoir contribué à sa progression. »
Jérôme Elhaïk :
Léa, je vais prendre les choses dans le désordre. Tu quittes donc Mulhouse, pour quelles raisons ?
Léa Barbeau : Ce changement, j’ai commencé à y penser au début de l’année 2022 et j’y ai beaucoup réfléchi. Je pense que j’avais épuisé toutes les pistes à Mulhouse, en termes d’entraînement. Même si l’environnement était très pro, que je pouvais jouer avec les garçons du club et bien sûr avec Taba Taghavi, c’est embêtant de ne pas avoir de coach à plein temps et j’ai senti que je stagnais la saison dernière. Je pense que j’étais arrivé au bout du chemin.
J.E. : Pourquoi ce choix de La Rochelle ?
L.B. : Même si j’avais plusieurs options, j’ai opté pour La Rochelle, en partie pour le cadre de vie mais surtout pour Stéphane Brévard (NDLR : responsable du centre d’entraînement régional), en qui j’ai une confiance absolue et avec lequel j’ai déjà travaillé il y a quelques années. Il me connaît très bien, et l’inverse est vraie également, je sais comment il fonctionne et ça permettra de gagner du temps. C’est quelqu’un qui sait construire des liens très forts avec ses athlètes, et à chaque fois qu’il me coache en compétition ses conseils sont toujours judicieux.
J.E. : Comment s’organisera ton quotidien là-bas ?
L.B. : Tout n’est pas encore calé, on va en discuter dans les prochaines semaines. Je m’entraînerai avec les garçons et les filles du CER, et j’aurai des séances individuelles avec Stéphane et physiques avec le préparateur du centre. Je vais également suivre la formation au DEJEPS, avec un accompagnement financier grâce à un dispositif mis en place par la Fédération. De nombreux joueurs de haut niveau vont en bénéficier et c’est vraiment une très bonne nouvelle pour nous.
J.E. : Tu évolues sur le circuit international depuis 2021, quels enseignements en retires-tu ?
L.B. : En PSA, tu n’as pas le droit à l’erreur, tout se paie cash. C’est un peu la cage au lions ! Même si c’est difficile, ça fait grandir … Cela dit, ce n’est pas la guerre non plus, on s’entend bien entre joueurs et joueuses.
J.E. : Qu’est-ce qu’il te manque pour gagner plus de matches en PSA, et quels sont tes objectifs à moyen terme ?
L.B. : Cette saison, ça a été assez compliqué. Je dirais que je dois progresser dans tous les domaines (physique, mental etc.) mais ça passe aussi par l’expérience. Même si je ne suis pas la plus jeune parmi les joueuses Françaises, ça fait très peu de temps que je suis sur le circuit finalement. Je sens que je ne suis qu’au début de l’aventure, et c’est pour franchir des paliers que j’ai décidé de partir à La Rochelle. Concernant mes objectifs, je n’ai pas été loin d’intégrer le top 100 puisque j’étais 101ème en mars et après j’ai un peu reculé. J’aimerais vraiment franchir cette barrière avant la fin de l’année 2022. J’ai pas mal de tournois prévu à mon programme*, sachant que je continuerai à disputer des opens nationaux.
*Léa disputera tout d’abord l’Open national des Ombrelles à Antibes (20-21 août), le PSA des Hauts de France à Lille quelques jours plus tard, le Madeira International au Portugal (7-11 septembre) et l’International des Mirabelles à Nancy (29 septembre – 2 octobre).
J.E. : Tu parlais d’une saison compliquée, mais il y a quand même eu de bonnes choses, comme ton titre de championne de France -23 ans.
L.B. : Disons plutôt qu’il y a eu des hauts et des bas, en particulier un et je pense que tu sais de quoi je parle (rires) (NDLR : Léa évoque sa défaite en quart de finale du championnat de France Élite face à Ana Munos, 13-11 dans le cinquième jeu après avoir eu une balle de match). Même si ça fait mal et que sur le coup on s’en passerait volontiers, avec le recul j’ai pris ça comme un mal pour un bien. Les échecs font avancer, et en ce qui me concerne c’était sûrement une étape nécessaire pour comprendre certaines choses.
J.E. : Revenons maintenant sur ces trois années passées à Mulhouse, je suppose qu’avec le recul tu ne regrettes pas du tout ton choix d’être venue en Alsace ?
L.B. : Pas le moins du monde ! Je suis arrivé en 2019, alors que ça faisait déjà deux ans que je jouais pour l’équipe réserve du club en Nationale 2. À mon retour du championnat du monde junior en Malaisie, je ne savais pas trop ce que je voulais faire et j’étais un peu dans le flou, pour être honnête. Mon père a discuté avec Thierry Jung, qui lui a parlé de son projet me permettant de suivre une formation tout en m’entraînant tous les jours, le tout dans un cadre agréable et structuré. J’ai appris plein de choses, et les diplômes que j’ai obtenus me permettent d’avoir un bagage et d’autres options en plus du squash.
J.E. : Tu évoques souvent l’importance de Thierry Jung, ainsi que celle de ta partenaire d’entraînement Taba Taghavi dans ta réussite.
L.B. : C’est grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui ! Thierry s’investit énormément, pas seulement pour moi mais pour tous les joueurs et joueuses des équipes, c’est un soutien incroyable.
J.E. : Même si tu ne t’entraîneras plus à Mulhouse au quotidien, tu vas d’ailleurs continuer à faire partie de l’équipe féminine.
L.B. : J’ai eu des propositions d’autres équipes, et j’aurais également pu évoluer pour La Rochelle. Néanmoins je tenais vraiment à continuer à jouer pour Mulhouse, et je suis vraiment contente que ça se soit concrétisé.
BIO EXPRESS
Née le 20 octobre 2000 à La Roche-sur-Yon, Léa Barbeau a reçu le virus du squash de son père Nicolas barbeau, « qui est complètement accro, » confie-t-elle avec le sourire.
C’est en Vendée qu’elle tape ses premières balles, mais pendant longtemps « uniquement pour m’amuser. » Abonnée aux places d’honneur dans les championnats de France jeunes, elle va passer un cap en 2019 avec un succès au Spanish Junior Open, ses premières sélections en équipe de France (dont les Monde -19 ans en Malaisie, qu’elle décrit comme une expérience inoubliable) et un départ à Mulhouse qui sera une étape essentielle dans sa progression.
Numéro 19 dans la hiérarchie nationale à son arrivée en Alsace, elle est aujourd’hui 6ème et a été toute proche d’intégrer le top 100 mondial au printemps. Elle décrit néanmoins sa saison 2021-2022 comme contrastée : si elle a remporté ses premiers opens nationaux, elle a connu une douloureuse défaite face à la jeune Ana Munos en quart de finale du championnat de France Élite, alors qu’elle était favorite.