Jérôme Elhaïk: Camille contre l’Egypte à Chicago!

SOURCES FEDERATION FRANCAISE DE SQUASH

Les Bleues En Force

Pas moins de 12 représentant(e)s Tricolores sont en lice (un record).

À ce moment de l’année, les meilleures joueuses Françaises sont généralement en pleine préparation estivale. Mais la pandémie a chamboulé les habitudes : les prochaines semaines s’annoncent chargées avec le championnat du monde individuel et le British Open, sans doute les deux épreuves majeures du calendrier.

« On n’est pas déstabilisés, car depuis un an et demi on a appris à s’adapter à tout, » sourit Philippe Signoret. « Comme les filles n’auront pas de véritable break, elles prennent 4-5 jours de pause quand c’est possible. »

Elles seront cinq dans le tableau à Chicago, et c’est un nouveau record.

« Ça confirme notre bonne dynamique, » estime l’entraîneur national. « Cette génération, composée de joueuses dont la plupart avaient brillé sur la scène européenne voire mondiale en jeunes, est en train d’écrire les plus belles pages de l’histoire du squash féminin Français.

« Un creux existe après elle, cependant plutôt que d’être inquiet (ce n’est pas ma nature), il faut chercher des solutions : en encourageant celles qui montrent un certain potentiel, et en faisant en sorte que les autres élèvent leur niveau.

Cette génération est en train d’écrire les plus belles pages de l’histoire du squash féminin Français »

Toujours pas d’entraîneurs présents

C’est malheureusement la même rengaine à chaque tournoi : comme c’est le cas depuis la reprise du circuit principal en septembre 2020, l’entourage des athlètes n’a pas été autorisé à intégrer la bulle sanitaire à Chicago.

« C’est dramatique d’en être encore là, » assène Philippe Signoret. « On a pourtant fait toutes sortes de propositions à la PSA, mais on se heurte à une fin de non recevoir. J’ai l’impression que s’ils le pouvaient, ils organiseraient des tournois sans les joueurs ! »

StarCam contre l’Armada Pharaonique…

  • Camille Serme (32 ans, n°4 mondiale)
  • Quinzième participation au championnat du monde
  • Meilleur résultat : demi-finaliste (2010-2011, 2016-2017, 2017-2018 et 2018-2019)

Lauréate de quatre tournois majeurs, dont le British Open, et membre du top 10 mondial quasiment sans interruption depuis plus de dix ans (avec une pointe à la 2ème place en 2017), Camille Serme possède déjà un immense palmarès.

Mais à 32 ans, elle est toujours à la poursuite de son rêve ultime : devenir championne du monde, et elle entamera jeudi sa quinzième campagne consécutive dans l’épreuve reine du calendrier.

2021, une saison moyenne

Ce n’est pas lui faire injure que de dire que la Française réalise une saison 2020-2021 en-dessous de ses standards habituels, pour plusieurs raisons : une concurrence très forte, quelques blessures, sans oublier que la quasi-totalité des tournois se sont déroulés sur les terres de ses rivales Égyptiennes.

Ça tombe bien, le championnat du monde a lieu aux États-Unis, un pays qui lui a très bien réussi ces dernières années!

Pourtant, les voyants sont au vert

Tout d’abord, ses prestations lors des récents World Tour Finals ont fait nettement remonter sa côte à la hausse. Après avoir fait chuter la numéro 1 mondiale Nour El Sherbini (« Ma première victoire référence depuis quelques temps, » admettait-elle après le match), Camille Serme a livré un beau combat malgré sa défaite face à la future lauréate Nouran Gohar, balayé Salma Hany et est passée à un point de battre Hania El Hammamy en demi-finale.

Visiblement débarrassée des douleurs qui l’ont perturbé pendant une majeure partie de la saison, la Cristolienne retrouve son meilleur niveau au meilleur moment.

Enfin, elle a été épargnée par le tirage au sort, puisqu’aucune joueuse du top 8 ne se trouve sur la route qui pourrait la mener aux demi-finales: Après Lee Ka Yi (n°56) au premier tour, elle devrait retrouver Donna Lobban (n°23), l’une de ses meilleures amies sur le circuit, Olivia Clyne (n°13) puis Salma Hany (n°9), voire la jeune Rowan El Araby (n°12) en quarts de finale.

Avant un possible choc face à Nouran Gohar (n°2) en demi-finale mercredi prochain, mais on en est encore loin …

LE(S) MOT(S) DE PHILIPPE 

CIB World Tour Finals

« Pour Camille, ils étaient l’opportunité d’effectuer les derniers réglages avant le championnat du monde, et ce qu’elle a montré au Caire est très positif.

« Oui, j’étais optimiste avant la compétition car elle était bien dans sa tête, et n’avait plus de douleur. Il faut souligner le rôle de son médecin Jean-Marc Poupel, en qui elle a entièrement confiance et qu’elle consulte régulièrement au Havre. On a vu qu’elle était mieux physiquement, ce qui lui permet de varier davantage son jeu, notamment en utilisant bien les hauteurs de balle.

« Avoir des matches références avant une grosse échéance est évidemment important, ça met la joueuse sur les bons rails. Ces derniers jours, on a beaucoup travaillé l’aspect mental et lors des dernières séances avant son départ on mettra l’accent sur la tactique. »

FFSquash Championnat du monde 2020-2021 Présentation femmes Photo 3

Pas d’entraîneurs à Chicago

« Effectivement ça va changer des tournois précédents, si une Égyptienne est dans le doute il n’y aura personne pour l’aider. Quant au public, on ne peut pas prévoir à l’avance quelles joueuses il soutiendra.

« Je ne dirais pas jusqu’à dire que ma présence dans les tribunes, ainsi que celle de ses camarades d’entraînement, lors du match contre El Sherbini a contribué à sa victoire, car le mérite lui en revient. Mais c’est peut-être l’un des éléments qui lui a permis d’évoluer à son meilleur niveau : chez les filles, la gestion des émotions est un facteur essentiel, et un regard entre une joueuse et son coach peut parfois faire la différence … »

Le tableau de Chicago

« Un tableau est toujours semé d’embûches, même si elles peuvent être de différentes natures : ça peut être comme au Tournament of Champions en 2020, où Camille avait affronté les numéros 1, 2 et 3 mondiales, cependant quand un parcours semble moins difficile tout l’enjeu est de savoir identifier les pièges et problématiques potentiels.

« On ne sait jamais ce qui peut se passer, la favorite peut avoir un coup de moins bien, et l’outsider etre dans un bon jour, et les cartes sont complètement redistribuées. Et même si la logique est respectée, on peut perdre de l’énergie et compromettre ses chances pour la suite. »

Oh yes, I remember it well

« Je ne savais pas que Camille allait disputer son quinzième championnat du monde consécutif, mais je me souviens très bien de son premier, à Belfast en 2006. J’y étais avec elle et Soraya Renai, qui est un peu plus âgée, et toutes les deux avaient perdu au premier tour des qualifications.

Je me rappelle que Soraya m’avait dit “ça fait un an qu’on joue en PSA, quand est-ce qu’on va gagner notre premier match ?” C’est la preuve que même pour une joueuse comme Camille, qui était très forte en junior, la transition vers le circuit international n’était pas facile, même si elle s’est bien rattrapée depuis … »